Qu'est ce que vous avez DYS ?

Je n'ai pas disparu, je croule sous les révisions, les cours, la maison... un magma de détails qui font que je délaisse ce blog mais pas que...

Il me tenait quand même à cœur de poser par écrit quelques pensées qui occupent mon esprit depuis quelques temps.

Nous avons eu la visite des 4 ans du Joufflu. Pour mémoire, vous vous souvenez que j'ai une pédiatre de ville choupinette mais... qui n'a pas d'enfant. Elle est jeune, très pro, douce, simple mais... elle n'a pas d'enfant. Et ça je pense que ça commence à me poser un problème.

Vous savez comment on est... Avant d'en avoir, on a plein d'idées très claires sur ce qu'on fera ou pas, ce qu'il sera ou pas... Et puis, il nait et au fil du temps, nos perspectives changent. Il les fait changer. A nous de voir si nos lignes idéalisées bougent (ou pas) avec lui.

Pour la visite des 4 ans, on constate donc qu'il va bien. Il est grand et fin, il se développe physiquement bien. Psychologiquement aussi, il papote non stop, il se fait comprendre, il comprend en retour... Jusque là, tout va bien.

A ce moment-là, la toubib dégaine un énorme livre sur la motricité et observe ce qu'il DOIT savoir faire. Elle lui demande alors de dessiner certaines formes, puis colorier sans dépasser, énumérer des couleurs, des objets...

Dés qu'il s'agit de parler, c'est nickel. Ca, on le savait déjà...

Mais alors avoir un crayon dans la main, ça le gonfle. Ne me demandez pas pourquoi, je crois qu'il n'aime pas dessiner. La maîtresse m'avait dit que "mouais bof, c'était pas son truc". Evidemment, pour la pédiatre et son gros livre ça ne va pas du tout. Elle redemande, l'enfant soupire alors qu'il s'applique (langue entre les lèvres), mais rien n'y fait, il dépasse. Ses formes sont imparfaites...

Alors là, toute la médecine contenue dans le cerveau de la jeune femme se met à trembloter. Ce n'est pas "normal", à 4 ans, il "devrait" savoir faire, et même "aimer" ça.

Ouh lala, elle retourne à son grimoire, choisit un autre exercice, recommence. L'enfant s'excite (moi pas mieux). Evidemment, comme on en est à 45 minutes de RDV, il en a ras la cruche et montre qu'il s'en fout royalement...

La pédiatre pose tout et me dit : "bon alors, il n'a pas de déficit neurologique (bah heureusement !) mais je pense qu'il présente une DYSPRAXIE". Comme ça, à sec (oui c'est moche comme expression mais je l'aime).

Avant qu'elle ne poursuive, je me liquéfie. Les enfants DYS, j'ai lu plein de choses sur ces difficultés. Dyslexie, dyscalculie, dyspraxie... Je sais que c'est une chierie pour le môme et ses parents, pour la scolarité, pour l'intégration... Moi je suis de celles qui ont su faire des choses sans comprendre comment. Je ne m'envoie pas de fleurs mais c'est vrai, l'école a "coulé", je n'ai jamais souffert de quoi que ce soit à l'école. D'ailleurs j'y suis retournée après 30 ans et ça se passe bien. Alors quand on me parle de difficultés conséquentes à venir pour MON enfant, je sue.

Heureusement, je connais bien cette pédiatre et son fonctionnement. Je sais qu'elle a du mal avec tout ce qui sort de la normale (elle est servie avec nous...). Donc je la calme : la maîtresse (qui est maîtresse depuis plus de 25 ans en moyenne section) ne m'a rien dit. En plus, il est en moyenne section, bien intégré, alors qu'il est le plus jeune de la classe. Tous ses copains fêtent leurs 5 ans en ce moment.

Comme elle voit que je freine, elle reprend : "je pense qu'il faut faire un gros bilan genre neuro psy, psychomot, ergo, orthophoniste..." le grand marathon des spécialistes ! Again !

Donc là j'ai froncé les sourcils et j'ai dit qu'on en reparlerait dans 6 mois. C'était catégorique.

Mon fils a toujours fait les choses un peu en décalage. Être propre 15 jours avant l'école à 2 ans et demi, dormir seul tard (trèèès tard) mais avec Bubulle, il n'a jamais pleuré quand je l'ai laissé à la crèche, à l'école, chez des amis, dans les clubs de vacances. Il se débrouille toujours, son corps l'a fait avant lui en s'adaptant à des bizarreries.

Je pense qu'elle croit que je veux minimiser le problème. Non, si problème il y'a, on le prendra en charge, comme on l'a toujours fait. Je ne suis pas de celles qui, en ne nommant pas les difficultés de leur enfant pensent qu'elles vont disparaître. Non, on gère quand c'est avéré. On ne pourra jamais nous reprocher de ne pas avoir vu tous les médecins qu'il fallait voir jusqu'ici.

J'ai promis d'en parler à la maîtresse (ce que j'ai fait dés le lendemain) et de surveiller.

La maîtresse de son côté, m'a dit qu'elle n'avait rien constaté par rapport à d'autres enfants qui sont eux en difficulté. Elle m'a promis de l'observer et je pense qu'au retour des vacances, je lui demanderai un RDV pour faire le point. Elle m'a dit qu'en effet, elle pense qu'il préfère jouer avec autre chose que des crayons mais qu'il imagine des choses, qu'il n'est pas en souffrance, qu'il est bien intégré à la classe à tendance "pipelette qu'il faut recadrer parfois".

Cette pédiatre est top pour les maladies. Elle donne un RDV illico, fait un bilan complet (c'est pas parce qu'il a mal à la gorge qu'elle ne regarde pas les oreilles et les poumons, pas comme ma généraliste). Je sais qu'il l'aime bien et je lui fais confiance. Mais sur le développement d'un enfant, (je vais écrire un truc qui ne s'écrit pas hein) qu'elle en fasse un !

L'autre jour elle m'a dit : "c'est fou, vous lui avez dit de s'habiller mais il ne l'a pas fait immédiatement et vous avez dû répéter". J'étais à deux doigts d'éclater de rire ! Euh bah il a 4 ans quoi... Vous imaginez s'il obéissait immédiatement après chaque phrase, comme ce serait chouette. Mais je ne pense pas mentir quand intérieurement j'ai pensé "bah ça cocotte, c'est TOUT A FAIT normal !!!" (hein les mamans ?!). Ou alors mon fils est vraiment désobéissant et n'obtempère jamais du tac au tac...et moi la pire mère du monde qui ne sait pas jouer d'autorité !

Bref, tout ça pour vous dire qu'être une maman est épuisant. Déjà parce qu'il faut savoir s'opposer à ce que l'on croit profondément excessif et qu'en parallèle, on ne peut pas s'empêcher de compulser tous les articles sur la dyspraxie quand on sort d'un RDV comme celui là. Le cul entre 2 chaises quoi...

Mon fils et moi on va bien. Notre relation va bien. On aura passé une très chouette semaine ensemble pendant ces vacances. Je sais que je vais repartir pour 10 semaines de stage bientôt (je vous en parlerai mais pas aujourd'hui) et qu'on va se manquer. Alors là je couve. J'arrête de lire des articles sur les enfants DYS et de vouloir lui faire dessiner le triangle parfait. J'arrête de comparer avec moi ou avec mon frère et nos scolarités différentes. J'arrête de m'embrumer le cerveau avec de nouveaux soucis. On en a vu assez, et puis des choses plus graves. Donc on s'allège, on respire et on s'oppose. Il fait son Fucking Four et moi je fais mon Grumpy 33 ! Nomého !

 

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