Ouh lala, que ça fait longtemps !!

 
Plus d'un an que je ne suis pas passée par ici. Mon post précédent vous présentait mon deuxième stage de 3ème année sur le service d'onco-hématologie. Et depuis, il s'est passé quelques petites broutilles :-).
 
2 autres stages d'abord, qu'il faudra que je prenne le temps de vous présenter dans le détail. Pour l'un des deux, on peut même dire que je peux vous en parler TRES en détails car c'est devenu mon lieu de travail ! 
 
Oui, en avril, alors que je ne suis qu'étudiante infirmière, je signe une promesse d'embauche dans une clinique psychiatrique spécialisée dans la prise en charge de patientES souffrant de TCA (comprendre anorexie, boulimie...). Ce stage a été une révélation. Tant sur le travail à effectuer que sur l'équipe que j'y ai rencontré. 
En guise de dernier stage, j'ai eu la chance de participer à un parcours dans le soin palliatif. Je prendrai le temps de vous expliquer mais cela signifie que je suis passée dans plusieurs services consacrés aux soins pal' (comme on dit dans le jargon). Comme ça, ça n'a pas l'air très fun mais détrompez vous, ce sont des services joyeux et cela m'a beaucoup plu aussi !
 
En juin, il y'a le rendu et la soutenance du mémoire. Mon sujet : comment le regard des soignants influe sur la prise en charge des personnes en surpoids ou obèses ?
 
Je me suis éclatée à faire les recherches, à l'écrire, à le soutenir. Mon guidante était pile celle que je voulais, j'ai eu une note plus que réjouissante. C'était le top...
 
J'ai reçu mi juillet le diplôme d'Etat d'Infirmière, ainsi que le droit de m'inscrire à l'Ordre. Quelle fierté, quel boulot. Aucun regret mais une grosse fatigue d'avoir vécu ces 3 ans la tête dans le guidon, entre les cours, les stages et la maison. 
 
1 mois de vacances (sereines car je n'ai pas à chercher un travail) et j'ai intégré mi-août la fameuse clinique psy. C'est top d'arriver en terrain connu. Même si les locaux étaient différents, l'équipe était la même, la façon de travailler aussi. J'ai pris mes marques rapidement et depuis, c'est l'éclate. Même si le quotidien est parfois marqué de moments difficiles (en rapport avec la pathologie traitée, l'âge des patientes, le contexte...), quel plaisir d'avoir des collègues en or et un job passionnant ! 
 
Après tout cela, la grande surprise de cette année est arrivée en mars avec le confinement et ce fameux virus. En tant que soignante, on se retrouve "dans le jus", à fond et, alors que certains ont vécu ce temps comme une parenthèse (télétravail, école à la maison...), nous n'avons pas cette chance et il faut tout gérer. On annule les congés, on court à droite à gauche, on enchaîne. 
 
A la fin de tout cela, nous décidons de mettre notre appartement en vente et de se concentrer sur un nouveau projet de famille. Et si justement, elle s'agrandissait ? 
 
Le 12 juin, je suis barbouillée, j'achète un test et devinez quoi : tout est rose ! 
 
Les nausées débarquent, la fatigue extrême aussi (on ne se refait pas...). Les hormones et moi, on est pas copines. 
 
Je travaille mais je suis épuisée. Le 13 juillet, le médecin m'arrête. Je n'ai pas 20 ans, je dois prendre soin de moi et de cette petite graine. Sans problème ! J'ai toujours dit que ce temps là de la grossesse était rare dans une vie. Et même si je vois que mes collègues bousculent leurs emplois du temps pour assurer la charge que je leur laisse, je ne regrette pas de m'accorder (de nous accorder) ces mois de pause. 
 
Malgré le fait que nous ayons vécu des instants compliqués pour Sam, je suis confiante. En plus, vu le contexte particulier de notre génétique familiale, nous sommes suivis à HFME, par le diagnosticien qui avait pris en charge ma grossesse lorsqu'elle s'était compliquée en 2013. 
 
La première écho arrive, le bébé va bien, il bouge, suce son pouce. L'échographe a déjà une idée précise du sexe, tout va bien. La question du tritest se pose et bien sûr, je l'accepte. 
 
4 jours plus tard, l'échographe m'appelle et, pour la seconde fois de ma vie, le sol se dérobe sous mes pieds. Le risque est de 1/64. 
Pour vous la faire courte, entre 1/2 et 1/50 c'est amniocentèse direct ! Entre 1/50 et 1/1000, DPNI et au delà de 1/1000 : que dalle. 
 
Je suis quand même très très proche de l'amniocentèse mais j'ai le droit au "simple" DPNI (Dépistage Prénatal Non Invasif). Cela consiste à prélever du sang maternel, à rechercher l'ADN foetal circulant dans ce même sang et à déceler une "surexpression" des chromosomes 21 (ou 13 ou 18). L'analyse est longue (15 jours) et ce temps là va me mettre en apnée complète...  Je vis cela en ressentant une colère folle. Pourquoi nous ? Encore ? Sérieusement, qu'avons nous fait pour que cela recommence ? Suis-je prête à interrompre une grossesse voulue, désirée ? Sinon, suis-je prête (ou sommes nous prêts plus exactement) à accueillir un enfant "malade" ? Les mêmes questions, 6 ans après... L'impression que vraiment, nous n'aurions jamais dû faire d'enfant ! 
 
Alors oui, pour l'extérieur, ça fait quand même 63 chances que tout aille bien. Et puis la décision semble facile à prendre : la trisomie c'est le bordel, on a la chance de pouvoir éviter alors ça va, la décision est simple. Je peux vous jurer qu'elle ne l'est pas. 
Je sais que mes proches me voient souvent comme un char d'assaut qui peut tout surmonter, mais je me questionne réellement sur mes vies antérieures et les crimes que j'ai pu commettre pour mériter cela ! Je sais qu'il y'a bien pire mais franchement... 
 
Bref, le résultat tombe, par téléphone. Les 20 secondes les plus longues de ma vie jusqu'au "rassurez-vous, tout est négatif". 
 
Depuis, je profite de ma grossesse. Celle que l'on appelle Libellule ou Lucette pour l'instant bouge bien, mon suivi est très régulier et bien encadré, je suis en confiance.
 
Samuel est le plus heureux. Lors de l'annonce il s'est mis à pleurer en disant que l'on réalisait son rêve. Depuis, il touche mon ventre sans arrêt, en parle fièrement à tout le monde, surveille ce que je mange, lit des livres à mon ventre. Il a grandi, changé, mûri. Nous sommes dans une bulle tous les 3 autour de cette vie qui pousse. Et c'est le bonheur. Je vais mieux aussi, j'ai moins de nausées, des envies. Je suis toujours fatiguée, ma tension fait des bonds mais la cause est si jolie !
 
J'ai droit à des bonus même ! Bientôt nous allons avoir une "échographie de dépistage précoce dans un contexte de grossesse antérieure malformative". Chouette non ? Ou flippant c'est selon...
Dans tous les cas, on va aller chercher le coeur et son positionnement, l'estomac et sa continuité, LA rate (et son unicité, de fait). Il existe des fratries, suivies par le fameux diagnosticien dans lesquelles l'ensemble des enfants sont porteurs d'anomalies de situs. Nous verrons bien. La nuit d'avant risque d'être compliquée mais tant pis... 
 
Mon bébé bouge, son grand frère et son papa sont ravis, je me repose. Les mois à venir vont passer très vite je le sens. A nous d'en faire une parenthèse douce et simple...
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